La Palestine est l’un des territoires les plus anciens et les plus disputés de l’histoire de l’humanité. Cette terre, berceau de civilisations et carrefour des religions, est aujourd’hui connue dans le monde entier à travers un conflit qui dure depuis plus d’un siècle. Mais pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter aux origines de la Palestine, retracer les guerres qu’elle a subies, analyser les causes profondes du conflit et réfléchir aux solutions possibles pour l’avenir.
Une terre au carrefour des civilisations
La Palestine n’est pas seulement une région géographique : c’est une mosaïque d’histoires, de cultures et de croyances qui s’y sont croisées pendant des millénaires. Sa position est exceptionnelle : elle relie l’Afrique à l’Asie, la Méditerranée au désert d’Arabie, l’Égypte à la Mésopotamie. Ce couloir naturel a toujours attiré conquérants, marchands, prophètes et pèlerins.
Dès l’Antiquité, la région fut habitée par les Cananéens, puis par les Hébreux, et vit naître de grands royaumes bibliques. Les Romains l’intégrèrent à leur empire, l’appelant « Provincia Syria Palaestina » après la révolte juive de 135, pour effacer le nom de Judée. Plus tard, les Byzantins en firent un bastion du christianisme primitif, avant que les armées arabes musulmanes ne l’intègrent, au VIIᵉ siècle, au vaste monde islamique.
La Palestine a donc toujours été plus qu’une terre : c’est un pont entre les civilisations. Elle a vu s’élever Jérusalem, l’une des rares villes considérées comme sacrées à la fois par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Chaque pierre de cette ville raconte plusieurs histoires : celle du Temple de Salomon, celle de Jésus marchant vers le Golgotha, celle du Prophète Mohammed montant au ciel depuis l’esplanade des mosquées.
Sous les Croisés, la région fut le théâtre de batailles épiques entre chevaliers d’Occident et dynasties musulmanes, notamment sous Saladin, qui restaura Jérusalem comme capitale islamique. Puis, avec l’Empire ottoman (XVIᵉ – début XXᵉ siècle), la Palestine connut une longue période de relative stabilité. Des villages agricoles, des marchés animés et des caravansérails reliaient alors Jérusalem, Naplouse, Jaffa et Hébron, faisant de la région un carrefour commercial et spirituel.
Ce qui rend la Palestine unique, c’est que chaque empire qui l’a dominée a laissé une trace visible : des mosaïques byzantines aux mosquées omeyyades, des citadelles croisées aux ruelles ottomanes. Rarement un territoire aussi petit a concentré autant de richesses historiques et symboliques.
C’est précisément cette richesse culturelle et religieuse qui, encore aujourd’hui, explique pourquoi la Palestine est au centre de tant d’enjeux et de passions : elle n’appartient pas seulement à ceux qui y vivent, mais elle résonne dans la mémoire et la foi de millions de personnes à travers le monde.
Le début du problème moderne
En 1917, en pleine Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni publie la Déclaration Balfour, promettant d’aider à la création d’un « foyer national juif » en Palestine. Après la guerre, la Société des Nations confie à Londres l’administration de la région.
- Conséquence : de plus en plus de juifs immigrent vers la Palestine, fuyant l’antisémitisme en Europe.
- Les tensions montent avec la population arabe palestinienne, qui voit ses terres confisquées et craint de devenir minoritaire.
- La Seconde Guerre mondiale et la Shoah
L’Holocauste, qui a coûté la vie à six millions de juifs en Europe, accélère la volonté de créer un État juif. La pression internationale pousse à un plan de partage.
- La création d’Israël et la Nakba (1948) En mai 1948, les dirigeants sionistes proclament la création de l’État d’Israël. Les armées arabes (Égypte, Jordanie, Syrie, Irak, Liban) entrent en guerre, mais Israël l’emporte.
• Résultat : Israël contrôle plus de territoire que prévu par l’ONU.
• Plus de
700 000 Palestiniens sont expulsés ou fuient leurs villages. Cet exode forcé est appelé
la Nakba, « la catastrophe ».
• Des camps de réfugiés palestiniens naissent en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans la bande de Gaza.
Les guerres et soulèvements
Israël bat rapidement l’Égypte, la Syrie et la Jordanie. Il occupe :
• la Cisjordanie et Jérusalem-Est,
• la bande de Gaza,
• le plateau du Golan,
• le Sinaï (rendu à l’Égypte en 1982).
Depuis ce jour, la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont sous occupation israélienne.
1973 : La Guerre du Kippour
L’Égypte et la Syrie attaquent Israël pour récupérer leurs territoires perdus. Israël résiste, mais ce conflit marque un tournant : il ouvre la voie aux **
accords de paix** entre l’Égypte et Israël.
Les Intifadas
• Première Intifada (1987-1993) : révolte populaire palestinienne contre l’occupation.
• Deuxième Intifada (2000-2005) : déclenchée après la visite provocatrice d’
Ariel Sharon à Jérusalem, elle entraîne des années de violences meurtrières.
Les guerres de Gaza
La bande de Gaza est un petit territoire de seulement 365 km², coincé entre Israël, l’Égypte et la Méditerranée. Mais malgré sa taille minuscule, elle est devenue l’un des épicentres du conflit israélo-palestinien. Depuis 2007, après la prise de contrôle par le Hamas, Gaza vit sous un blocus terrestre, maritime et aérien imposé par Israël (et partiellement par l’Égypte). Résultat : c’est l’une des régions les plus densément peuplées du monde, où plus de deux millions de Palestiniens vivent dans des conditions extrêmement précaires.
Des guerres cycliques :
Depuis le retrait israélien de Gaza en 2005, plusieurs guerres meurtrières ont éclaté :
• 2008-2009 (Opération Plomb durci) : des milliers de morts et de blessés, destructions massives d’infrastructures.
• 2012 (Opération Pilier de défense) : une guerre éclair de huit jours, avec des bombardements intenses.
• 2014 (Opération Bordure protectrice) : le conflit le plus long et le plus meurtrier, qui a duré 51 jours, laissant Gaza dévastée.
• 2021 (Conflit de mai) : affrontements déclenchés après les tensions à Jérusalem-Est, marqués par des bombardements aériens et des roquettes.
• 2023-2024 : une escalade sans précédent, avec des milliers de morts et un désastre humanitaire d’ampleur historique.
Ces guerres suivent souvent le même schéma : une montée de tensions (manifestations, affrontements à Jérusalem, tirs de roquettes), une riposte israélienne massive, puis une trêve fragile négociée sous la pression internationale.
Un coût humain insoutenable
Au-delà des chiffres, c’est la population civile qui paie le prix le plus lourd. Les bombardements ne font pas seulement des victimes immédiates : ils détruisent des hôpitaux, des écoles, des centrales électriques, des réseaux d’eau. Les enfants, qui représentent près de la moitié de la population de Gaza, grandissent dans un environnement où les bombardements, les coupures d’électricité et la pauvreté sont devenus la norme.
Un témoignage fréquent des habitants résume la situation : « À Gaza, on ne vit pas, on survit. »
Les conséquences à long terme :
1. Traumatismes psychologiques : des générations entières souffrent de stress post-traumatique.
2. Économie à l’arrêt : chômage massif, dépendance à l’aide humanitaire.
3. Isolement : Gaza est souvent décrite comme une « prison à ciel ouvert », avec des frontières fermées et des déplacements quasiment impossibles.
4. Radicalisation : l’absence de perspectives nourrit la colère et renforce les extrêmes, perpétuant le cycle de violence.
Gaza, un symbole mondial
Pour beaucoup de Palestiniens et de militants dans le monde, Gaza est devenue le symbole de la résistance. Pour d’autres, elle incarne une tragédie humanitaire sans fin. Dans tous les cas, elle reste un point de tension majeur : chaque flambée de violence à Gaza résonne bien au-delà du Moyen-Orient, mobilisant l’opinion publique internationale et pesant sur les relations diplomatiques mondiales.
Les causes profondes du conflit
1. La question des frontières : Israël n’a jamais reconnu de frontières définitives.
2. Les colonies israéliennes : construites en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, elles grignotent le territoire palestinien.
3. Le statut de Jérusalem : ville sainte pour trois religions, revendiquée comme capitale par les deux peuples.
4. Le droit au retour des réfugiés palestiniens : des millions de descendants vivent encore dans des camps.
5. Les divisions internes palestiniennes : Fatah (en Cisjordanie) et Hamas (à Gaza) n’arrivent pas à s’unir.
Les conséquences jusqu’à aujourd’hui
• Humanitaires : la bande de Gaza est décrite par l’ONU comme « invivable ». Les coupures d’électricité, le manque d’eau potable et la pauvreté y sont extrêmes.
• Politiques : la Palestine est reconnue comme État par plus de 130 pays, mais n’existe pas pleinement en pratique.
• Psychologiques : des générations entières d’enfants palestiniens grandissent dans la guerre, la peur et le désespoir.
• Internationales : le conflit israélo-palestinien influence la géopolitique mondiale, mobilise les opinions publiques et divise les grandes puissances.
Quelles solutions pour l’avenir ?
C’est l’idée d’un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël, sur les territoires occupés en 1967 (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est). Soutenue par l’ONU, mais bloquée par la colonisation et le refus d’Israël.
La solution d’un seul État
Un État binational, où Palestiniens et Israéliens auraient les mêmes droits. Mais Israël la rejette, craignant de perdre sa majorité juive.
Une paix juste et durable ?
La paix ne pourra exister que si :
• Les Palestiniens obtiennent leur droit à l’autodétermination.
• Jérusalem trouve un statut négocié.
• Les réfugiés reçoivent justice.
• La communauté internationale joue un rôle plus équilibré.
La Palestine est bien plus qu’un simple conflit : c’est l’histoire d’un peuple dépossédé de sa terre, mais qui continue de résister malgré des décennies de guerre et d’injustice. Son avenir dépendra de la capacité du monde à imposer une paix basée sur la justice, et non sur la force.
Tant que la souffrance d’un peuple sera ignorée, il n’y aura ni stabilité au Moyen-Orient, ni véritable paix dans le monde.
❓ FAQ sur la Palestine
1. Qu’est-ce que la Palestine ?
La Palestine est une région historique du Moyen-Orient située entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain. Aujourd’hui, le terme désigne principalement les territoires palestiniens : la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza.
2. Quand et comment est né le conflit israélo-palestinien ?
Le conflit a commencé au début du XXᵉ siècle, avec la montée des nationalismes arabe et juif et l’immigration juive vers la Palestine sous mandat britannique. La création de l’État d’Israël en 1948 et l’exode de centaines de milliers de Palestiniens ont marqué le point de départ du conflit moderne.
3. Qu’est-ce que la Nakba ?
La Nakba, qui signifie « catastrophe » en arabe, fait référence à l’exode d’environ 700 000 Palestiniens en 1948, lors de la création d’Israël. Ces réfugiés et leurs descendants vivent encore pour beaucoup dans des camps au Moyen-Orient.
4. Pourquoi la bande de Gaza est-elle en crise permanente ?
Depuis 2007, Gaza est contrôlée par le Hamas et soumise à un blocus israélien et égyptien. Les guerres successives, le blocus et la pauvreté ont créé une situation humanitaire très difficile pour plus de deux millions d’habitants.
5. Quelle est la différence entre Gaza et la Cisjordanie ?
• Gaza est une petite enclave côtière gouvernée par le Hamas.
• La Cisjordanie est un territoire plus vaste, administré en partie par l’Autorité palestinienne, mais morcelé par les colonies et l’armée israélienne.
6. Jérusalem est-elle la capitale de la Palestine ?
Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme leur future capitale. Mais Israël a annexé toute la ville en 1967, ce qui n’est pas reconnu par l’ONU. Le statut de Jérusalem est l’un des points les plus sensibles du conflit.
7. Combien de pays reconnaissent la Palestine comme État ?
À ce jour, plus de 130 pays membres de l’ONU reconnaissent la Palestine comme État. Cependant, elle n’est pas encore pleinement membre des Nations unies à cause du veto de certaines grandes puissances.
8. Quelle est la solution au conflit israélo-palestinien ?
La solution la plus soutenue est celle de deux États : un État palestinien indépendant vivant aux côtés d’Israël. Mais en raison de la colonisation, des divisions politiques et du manque de volonté politique, cette solution reste difficile à mettre en œuvre.